L’innocence et la loi

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Fiche de lecture publiée le 22 décembre 2022, rédigée par Eric Le Meur

Michael Connelly

Michael Connelly, 2020

Le livre nous est vendu sur la couverture comme étant « les retrouvailles de Bosch et Haller », les deux héros historiques de Michael Connelly, et la perspective est assez attirante. L’avocat Mickey Haller est arrêté par la police, suite à un contrôle inopiné, au cours duquel on a découvert un cadavre dans le coffre de sa voiture. Il est mis en prison, et demande à exercer lui-même sa propre défense. Pour cela, il peut compter sur toute son équipe, à laquelle viennent s’associer Harry Bosch, ainsi que son ancienne épouse : procureur de son état, elle a demandé une mise en disponibilité pour passer du côté de la défense et aider son « ex ».

Nous sommes dans la catégorie des romans judiciaires de Michael Connelly (en opposition aux romans policiers dans lesquels Bosch est le héros principal). C’est Haller qui raconte l’histoire, et le récit se fait à la première personne du singulier. Et l’on retrouve le style caractéristique de Connelly, que j’aime tant : vivant grâce aux dialogues, précis sans être exhaustif, rapide… Avec le temps, on constate que l’auteur « maîtrise son sujet », et qu’il est capable d’écrire un roman de 560 pages (en format de poche) sans trop de problème, grâce à une connaissance parfaite du système judiciaire américain, de l’ambiance de la police, du milieu carcéral… De plus, nous sommes dans une cour de justice, et le langage est soigné (la façon de s’adresser au juge, la façon d’interroger les témoins…) ce qui donne à l’ensemble une certaine tenue.

Mais ne pourrait-on pas dire que Michael Connelly profite de la maîtrise de son art pour produire des romans ? Disons que c’est le sentiment que j’ai eu, car il n’y a rien de vraiment original dans cette histoire, surtout si l’on a bien en tête « Le cinquième témoin » (d’ailleurs, c’est une bonne chose d’avoir lu avant le cinquième témoin, car L’innocence et la Loi reprend en partie les personnages de l’intrigue précédente). De la même façon, on se retrouve dans un procès américain, avec ses subtilités, ses rebondissements, dont le déroulement est très semblable au procès du Cinquième témoin.

Que dire de l’histoire elle-même ? Est-il plausible que quelqu’un soit accusé de meurtre sous prétexte que l’on retrouve un cadavre dans sa voiture, cadavre qui, manifestement, y est resté 24h, et que l’auteur présumé du meurtre n’a même pas cherché à cacher ou à s’en débarrasser ? J’ai trouvé que l’argument était très faible. L’accusation n’a pas de preuve, et Haller se retrouve dans un procès dans lequel il doit prouver son innocence alors que l’accusation n’a pas les moyens de prouver sa culpabilité.

Enfin, certes, Bosch est là, mais il est loin d’être le « second rôle principal ».
Donc… En soit, je trouve que c’est un roman « policier » de qualité. Mais dans le contexte « Connelly », il me semble que l’auteur aurait pu nous proposer quelque chose de plus explosif, original, nouveau… Connelly sait faire, et donc il fait. Mais pour les passionnés, on referme le livre avec une petite impression de déjà vu.