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 10 février 2025

Le calice des esprits

Paul Doherty, Édition 10/18 collection « Grands détectives », 2009

Grande fresque romancée d’une époque où les relations entre la France et l’Angleterre sont déjà difficiles, avant la guerre de Cent Ans : le roi Philippe le Bel souhaite marier sa fille Isabelle avec le jeune roi d’Angleterre Edouard II. Ce mariage est accompagné d’une riche dote, en contrepartie de quoi le jeune roi s’engagerait à poursuivre et exterminer ce qui reste des Templiers en Angleterre. Philippe le Bel a commencé la suppression de l’ordre du Temple en France, mais il veut continuer ce travail à l’étranger.

Ces relations sont décrites à travers le regard d’une jeune femme, Mathilde, nièce de l’un des responsables du Temple, et que son oncle, par l’intermédiaire d’un ami, réussit à envoyer se cacher là où personne ne pourrait imaginer la trouver : dans la cour même de Philippe le Bel. Mathilde devient la femme de chambre d’Isabelle, avec qui elle partage tout, en particulier leur désir commun de quitter la France. La jeune femme a été formée par son oncle à la science des plantes et à leurs pouvoirs de guérison, et elle fait preuve d’une maturité et d’une capacité toute particulière à analyser une situation donnée. Elle se transformera en détective, si l’on peut dire, pour résoudre une série de morts suspectes qui entourent la jeune reine d’Angleterre.

L’auteur a la bonne idée, à la fin du roman, d’expliquer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Car la lecture des évènements est parfois troublante : avec quel regard faut-il lire un roman historique ? J’avoue que plus d’une fois, je me suis demandé où était la part de la vérité, et la part de l’imagination. Paul Doherty est docteur en histoire, spécialiste de cette période, on peut donc penser qu’il invente une histoire « plausible », comme il le dit lui-même.

D’un point de vue littéraire, j’ai tout de même été un peu déçu par le style. Le texte est long et fourmille de détails. On a l’impression que tout est occasion pour décrire abondement le style de vie, les habitudes de l’époque, l’ambiance des rues, le mobilier des pièces, les coutumes… L’ensemble, intéressant certes, rend l’histoire lente. « En la forêt de longue attente », autre roman historique d’une époque semblable, est en ce sens beaucoup plus passionnant.

Que faut-il penser des mœurs incestueuses de la famille royale de Philippe le Bel, telles que l’auteur les décrit ? Que faut-il penser des relations entre Édouard II d’Angleterre et son fidèle ami Pierre Gaveston ?

Je reste prudent sur ce livre. L’auteur est un érudit, la question n’est pas là. Je m’interroge simplement sur la crédibilité du récit, et d’un point de vue littéraire, sur le rythme du livre.

PS : j’ai attribué à ce livre l’étiquette « Roman policiers », car il est dans la collection "Grands détectives". Mais je suis là également réservé sur cette classification, car l’action policière n’apparait pas clairement. Il faut attendre la fin pour découvrir que Mathilde cherchait également à élucider ces meurtres.