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Publié en 1931, « Vol de nuit » remporte la même année le prix Fémina. Un livre assez court mais « puissant », c’est à dire qui ne laisse pas indifférent, encore moins de nos jours où nous sommes de plus en plus sensibles à la question de l’autorité disproportionnée en entreprise. Le livre nous permet de découvrir une époque, une mentalité, (le courrier doit passer), la vie des pilotes de l’Aérospatiale, et l’énergie du directeur, Rivière.
Dans la présentation du livre par André Gide, celui-ci nous avoue avoir été frappé par le personnage de Rivière, ce qui m’a au début un peu surpris : Rivière n’est pas pilote, assez logiquement je me suis dit qu’il ne devait pas, a priori, être le héros du livre. Pourtant, bien malgré lui, Rivière occupe, en quelque sorte, la première place, à cause de son intransigeance et sa dureté à l’égard de ses employés.
Aucun droit à l’erreur. Aucune miséricorde. Aucune pitié. Le passage où Rivière renvoie le chef mécanicien avec 20 ans d’ancienneté, sous prétexte qu’il a commis une erreur de montage, est très dur. Rivière est convaincu que la réussite de son entreprise est à ce prix.
L’histoire est, ne l’oublions pas, celle de Fabien, pilote, dont l’avion est pris dans un orage, et ne peux passer les Andes. Dans un premier temps, il réussit miraculeusement à sortir des nuages, et tente de revenir se poser sur un aérodrome. Mais la météo est exécrable partout, et Fabien sait qu’il est à court de carburant. Il tente une descente au jugé, et l’avion disparaît avant de toucher le sol.
Manifestement très autobiographique, Vol de Nuit nous rappelle cette époque où les pilotes d’avion risquaient leur vie pour transporter du courrier, alors que les prévisions météo étaient très locales, que les communications radio étaient de faible portée, que l’autonomie des avions permettaient juste une traversée, et que l’on n’était jamais vraiment sûr que le pilote allait pouvoir atterrir. Jean Mermoz dans son livre « Mes vols » fait état d’une situation semblable.