Si je dois te trahir

Ruta Sepetys, Éditions Gallimard Jeunesse, 2024

Nous sommes en Roumanie, sous la dictature de Nicolae Ceaușescu, à l’automne 1989. Christian Florescu, 17 ans, en terminale au Lycée, vient d’être contacté par un membre de la police secrète. Celui-ci lui demande des renseignements sur un garçon américain, fils d’un diplomate américain qui vient d’arriver à l’ambassade, et que Christian connaît, car ils ont échangé des timbres de collection. En contrepartie, il recevra des médicaments pour son grand-père, gravement malade.

C’est le début d’un grave dilemme pour Christian : peut-il devenir un informateur ? Et de fait, il accepte, et le trouble intérieur grandit chaque jour : lui, Christian, le passionné de lectures et de philosophie, peut-il cacher sa condition d’informateur à son grand-père, qui a toujours été un penseur indépendant ? (et poursuivi par le régime pour cette raison). Peut-il cacher sa condition à sa sœur, qui travaille si dur pour gagner un peu d’argent et des cigarettes, monnaie d’échange dans cette société où plus rien « ne fonctionne » (pas de produit d’alimentation, pas d’électricité, pas de chauffage… et des queues interminables devant les commerces). Peut-il cacher cela à sa nouvelle amie, Liliana ?

Un roman fascinant, qui nous plonge dans l’ambiance de ce pays ravagé par la dictature du couple Ceaușescu. À tel point que plus d’une fois, je me suis demandé si l’auteure n’inventait pas, tellement les situations de la vie quotidienne décrites sont terribles. Pourtant, en regardant la bibliographie jointe à la fin de l’ouvrage, on est forcé de reconnaître que Ruta Sepetys s’est bien renseignée. Elle-même, d’ailleurs, est la fille d’un émigré lituanien, qui a fuit son pays devant l’arrivée communiste : elle sait de quoi elle parle.

Le livre se termine par la révolution de Noël 1989, qui a vu la chute du couple, le tout dans un bain de sang.

Le livre est passionnant. Reçu comme cadeau à Noël, j’ai commencé à le lire le 25 au soir, et je l’avais terminé le dimanche 29 au matin. Nous suivons au jour le jour la vie de Christian, que ce soit la vie matérielle indescriptible sous ce régime, que la vie psychologique, avec ses interrogations, ses doutes, ses amours, la fougue (contenue par la force des choses) de sa jeunesse.

Vraiment, je recommande !