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 21 septembre 2016

Fouché

Par Stefan Zweig, traduit de l’allemand par Alzir Hella et Olivier Bourniac, Paris, Grasset, 1969, 281 p.

Stefan Zweig s’est épris de la figure de Joseph Fouché (1759-1820), une des figures les plus énigmatiques de son temps, et peut-être de l’histoire. Élevé chez les Oratoriens, il fut un pilleur d’églises. Conventionnel modéré, il devient le « mitrailleur de Lyon », ville où il massacre les royalistes, non sans avoir procédé à des cérémonies des plus blasphématoires et sacrilèges. Ayant voté la mort de Louis XVI, il deviendra cependant ministre de Louis XVIII. Napoléon, qui en fit son ministre de la Police, le chassa et le rappela, car il avait besoin de lui et le craignait :mieux valait l’avoir près que loin, en train de conspirer dans son dos et de négocier à son insu avec les puissances étrangères…

Homme de l’ombre, manipulateur, actionnant en coulisse les mécanismes du pouvoir réel, Fouché est le seul, avec Talleyrand, à réussir à traverser sans périr les événements tragiques de la révolution française puis l’épopée napoléonienne. Mais comme beaucoup de mythomanes, celui qui était devenu le duc d’Otrante, sénateur d’empire possédant la sénatorerie d’Aix-en-Provence, et la première fortune de France, ne sait pas s’arrêter à temps. Il finira par être renvoyé par Louis XVIII et trouvera difficilement un lieu où se fixer, avant de mourir oublié par tous.

Stefan Zweig a écrit une très belle biographie d’un homme des plus machiavéliques, qui savait ne se prononcer qu’en faveur de la majorité ou du gagnant, et qui n’hésitait pas pour cela à brûler ce qu’il avait adoré, à renier tous les serments prononcés. Un homme, certes passionnant, mais dont l’absence de scrupules vous fait encore froid dans le dos.