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 7 avril 2017

Deux remords de Claude Monet

par Michel BERNARD, La Table ronde, 2016, 200p.

Ce roman se rattache au genre biographique, puisqu’il évoque la carrière du peintre en trois chapitres : le premier, assez bref, porte sur l’amitié de Monet pour Bazille, qui trouvera la mort pendant la guerre de 1870. Le second, qui fait les deux tiers de l’ouvrage, retrace l’amour de Monet pour Camille, sa première femme, et la place qu’elle a occupée dans sa carrière artistique, difficile dans les débuts mais qui finira par connaître un immense succès. Dans la dernière partie est racontée la genèse de son œuvre monumentale, Les Nymphéas, cadeau du peintre à la nation après la guerre de 14-18, réalisation qui doit beaucoup aux encouragements de Clémenceau.

L’auteur fait pénétrer, autant que faire se peut, dans l’âme du peintre, dans son esthétique, dans ses œuvres, dont un tout petit nombre seulement fait l’objet d’une illustration. Il réussit à faire voir les tableaux, même sans les avoir sous les yeux, en même temps qu’il décrit minutieusement le cadre de vie de Monet, depuis les très impécunieux débuts jusque dans le confort d’un grand bourgeois, dont les œuvres se vendent partout, en Amérique notamment.

D’autres peintres gravitent dans l’entourage de Monet : Renoir, Pissaro, Sysley, Manet… C’est toute une époque qui revit sous la plume de l’auteur qui fait pénétrer dans l’intimité de ces hommes unis à divers degrés par des liens d’amitié et d’admiration. Le chapitre sur Bazille fait découvrir ce peintre moins connu dont la carrière a été fauchée par une mort précoce. Il a pourtant laissé une œuvre qui compte. D’une famille aisée, c’est avec beaucoup d’élégance qu’il a aidé Monet dans ses débuts.

Une très bonne lecture, très bien écrite, qui donne envie de revisiter l’œuvre de Monet et des peintres de cette époque qui ont bouleversé l’histoire de l’esthétique grâce à la très haute idée qu’ils se faisaient de leur œuvre, certains en sachant s’accorder davantage aux demandes de leur clientèle, comme Renoir, d’autres attachés seulement à explorer leur monde pictural. On note l’absence de toute perspective spirituelle dans la vie de ce peintre, voire une certaine hostilité envers la religion, malgré toute son admiration pour la création qu’il n’a cessé de peindre sous toutes les lumières.