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Fiche de lecture publiée le 28 septembre 2016, rédigée par Eric Le Meur

Me before you, Jojo Moyes, 2012, Penguin
Excellente traduction française de Frédéric Le Berre, Edition Milady (Bragelonne)

Le film éponyme est sorti en France le 22 juin 2016 ; j’avais vu plusieurs fois avant la bande annonce : manifestement il s’agissait d’un film romantique, et la musique d’Ed Sheeran, Imagine Dragons ou encore X-Embassadors était vraiment trop bien. J’ai donc recherché l’origine du film, et j’ai découvert le livre de Jojo Moyes.

Assez rapidement je suis tombé sous le charme, un peu de l’histoire, surtout de l’écriture : Jojo Moyes est journaliste, et son style est absolument merveilleux. On pourrait presque dire l’antithèse de Zola : du rythme, des dialogues naturels, des petits détails qui rendent l’ensemble captivant. Un style très journalistique, c’est vrai. Ce n’est pas Orsenna, ou encore Tolkien, pour citer un compatriote de l’auteur. Mais dans un roman de détente, c’est ce que j’aime.

Louisa habite une petite ville de l’Angleterre. Elle vient de perdre son emploi, le patron du bar où elle travaillait lui a annoncé, quelques jours plus tôt, qu’il allait le fermer pour partir à l’étranger. À 27 ans, elle habite toujours chez ses parents, avec sa sœur cadette, le fils de sa sœur, et le grand-père qui, pour des raisons de santé, ne peut plus vivre seul. Et l’équivalent de Pôle Emploi lui propose un travail d’aide soignante pour un jeune homme tétraplégique. Comme Louisa a l’air vive et joyeuse, la mère du jeune homme l’embauche. Le travail est bien rémunéré, ce qui est important pour la famille de Louisa : un plan social menace l’emploi du papa.

Les début sont difficiles, car Will, le jeune homme handicapé, est tout simplement odieux. Jeune Golden Boy de la City, à qui la vie faisait plus que sourire, il est tétraplégique à cause d’un accident de la circulation.

Mais, petit à petit, les relations s’améliorent, et pour la première fois depuis longtemps, les parents de Wil décèlent une évolution positive chez le garçon. Il semble sourire à nouveau, il sort de son appartement aménagé. Il faut dire que les parents sont des notables de cette petite ville, et ont tous les moyens financiers à leur disposition.

Jusqu’au jour où, au détour d’une conversation qu’elle surprend, Louisa découvre que Will souhaite mettre fin à ses jours, par suicide assisté, en se rendant en Suisse, dans la clinique Dignitas. Sa mère a accepté de l’accompagner, à condition qu’il attende 6 mois, période au cours de laquelle elle espère lui faire changer d’avis. C’est pour cela qu’elle a embauché Louisa, pour que la jeune fille lui redonne goût à l’existence.

Et ce qui devait arriver arrive : Lou tombe amoureuse de Will, car celui-ci fait tout son possible pour encourager la jeune fille à sortir de son trou, à prendre confiance en elle, à se rendre compte qu’elle peut faire des choses. On découvre tout de la vie de Lou, en particulier d’un évènement de son enfance qui est la cause de son manque de confiance en elle. Et comme son petit copain n’est passionné que par le triathlon et ses entraînements, Lou s’attache vraiment à son tétraplégique. Elle fait tout pour lui changer les idées, et comme la famille a les moyens, le miracle semble se produire : elle part pour l’Ile Maurice avec Will et son kiné, et au retour, on pense bien que le voyage en Suisse n’aura pas lieu.

Sauf qu’au retour de l’Ile Maurice, Will annonce à Louisa que sa détermination est intacte, et qu’il partira quelques jours plus tard à Dignitas.

Louisa, détruite pendant quelques jours, accepte finalement de l’accompagner, et elle finit par changer d’avis et penser qu’au fond, c’est son choix. Pour une fois, plus personne ne lui a dit ce qu’il doit faire, comment il doit penser, comme c’était le cas depuis qu’il était dans son fauteuil roulant. (Édition de poche, page 505)

À la fin du livre, en pensant au compte-rendu que j’allais écrire pour les lecteurs des Editions Blanche de Peuterey, je me suis dit que je n’allais pas raconter la fin, qui rompt le charme du livre. Et finalement, je pense qu’il faut en parler, car ce livre, à mon avis, est néfaste. On a tout de même le sentiment qu’il s’agit d’une apologie de l’euthanasie, et je me demande bien ce qui a poussé Jojo Moyes a écrire un tel ouvrage, si ce n’est de justifier ce que je qualifie d’injustifiable.

Car insistons encore : le livre est bien écrit, passionnant, les scènes de la vie de famille chez Lou sont superbes. Les caractères des personnages sont bien charpentés. Cela aurait pu être une magnifique histoire. Certes, Jojo Moyes justifie le suicide de Will en disant qu’il ne supporte plus de ne plus être le sportif qu’il était, le cadre du bureau d’avocat de Londres, le jeune Apollon qui charmait toutes les filles, qu’il n’est plus lui dans son fauteuil. Mais elle fait simplement de Will un égoïste monstrueux, incapable de se rendre compte que, même dans son fauteuil, il peut rendre les autres heureux. Et de fait, c’est ce qu’il a fait : il a changé la vie de Lou, et celle-ci est prête à passer le reste de ses jours à s’occuper de lui. Et pourtant, sa décision est irrévocable.

Quelle mouche a piqué Jojo Moyes de vouloir faire l’apologie du suicide assisté ?

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