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Une journée d’Ivan Denissovitch

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Fiche de lecture publiée le 4 juillet 2018, rédigée par Eric Le Meur

par Alexandre Soljenitsyne. Le livre est publié pour la première fois en 1962.

Il est certains livres qu’il faut avoir lus. Tous les profs de français vous proposeront une liste de « classiques », et personne ne sera surpris que l’on encourage à lire Homère, Tristan et Iseult, les classiques du théâtre de Corneille, Molière, puis Baudelaire, Camus… etc. Je pense qu’Une journée d’Ivan Denissovitch fait partie de ces livres qu’il faut avoir lus. A la fois par le style, et surtout par le contenu. Car il s’agit d’une page de notre histoire, pas si éloignée de nous que cela : la vie quotidienne d’un prisonnier du Goulag soviétique.

Évidemment, on ne peut s’empêcher de penser au caractère auto-biographique du livre : si l’auteur connaît si bien la vie d’un prisonnier du goulag, c’est qu’il y est lui-même passé, arrêté pour des raisons tout aussi futiles que son héros Choukhov. Soljenitsyne raconte sa captivité, son arrestation, dans un autre monument de la littérature, l’Archipel du Goulag, qu’il faut également avoir lu… L’Archipel étant sensiblement plus gros, on a tout intérêt à commencer par la Journée d’Ivan Denissovitch.

Et comme son nom l’indique, nous allons passer 24h avec Choukhov, matricule M 854, dans un camp de travail en Sibérie, en plein hiver. Choukhov ne se sent pas bien ce matin, il aimerait bien rester à l’infirmerie à cause de ces maudites courbatures qui lui font mal. Malheureusement, il est arrivé trop tard, et les deux « malades » possibles ont déjà été désignés.

Après avoir pris son repas (que l’on peut difficilement qualifier de petit déjeuner : un bol de soupe légère et un morceau de pain) il part avec la brigade, et ils quittent le camp pour se rendre sur le chantier de construction d’une centrale auquel ils participent.

Après avoir récupéré sa truelle discrètement cachée, Choukhov, excellent maçon, est l’un des deux ouvriers auxquels le chef de brigade confie la réalisation finale de la tâche qui leur a été confiée : l’édification d’un mur… Plusieurs ouvriers sont à sa disposition pour faire le ciment, le monter sur l’échafaudage par petite quantité pour ne pas le renverser, monter les parpaings, et sceller le tout.

Le soir venu, toute la brigade repart. En rang par cinq, après avoir été comptés et recomptés, parce qu’il manquait un prisonnier, qui s’était endormi dans le baraquement chauffé où il avait été affecté. De retour au camp, Choukov se dévoue pour faire la queue à la place d’un autre prisonnier et récupérer pour lui le colis qui vient d’arriver. Ce service lui vaudra un récompense, et en plus, il héritera du repas du soir de ce prisonnier, une deuxième gamelle de soupe tout aussi légère que celle du matin.

Tout est criant de détails et de précision : l’appel au réveil, les techniques pour faire sécher les bottes de fourrure, l’ambiance dans le réfectoire, les autres détenus – un commandant de marine, un letton, un évangéliste… – les gardes, les prisonniers de droit commun, la gestion du colis reçu, la tabac… Tous les détails d’une journée d’un prisonnier, plutôt débrouillard, de l’URSS du temps de Staline.

J’avais lu ce livre en 2nde, à l’age de 15 ans, et aujourd’hui, j’ai été cette profondément frappé par le fatalisme ambiant. Choukhov n’a eu que 10 ans de condamnation. Mais la plupart a reçu 25 ans. « C’est le tarif », dit l’auteur. Dans le texte, aucun sentiment de révolte, de haine, de rancune : c’est comme cela. On notera que Soljenitsyne exprimera ses sentiments plus largement dans l’Archipel ; mais ici, aucune manifestation de colère. Bien plus : la brigade fait tout son possible pour construire son mur avec le maximum d’efficacité et de rapidité. Certes, c’est son avantage : ainsi elle ne sera pas envoyée sur un chantier plus difficile. Mais en même temps, on ressent chez Choukhov une fierté d’avoir travaillé vite et bien !

Le goulag n’existe plus en Russie. l’URSS a explosé. Mais qu’en est-il en Chine, en Corée du Nord, ou dans d’autres pays totalitaires… ?

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