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Premier de cordée

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Fiche de lecture publiée le 4 mai 2022, rédigée par Eric Le Meur

Roger Frison-Roche, 1941

Dans la préface de son roman « Les Flammes de Pierre », Jean-Christophe Rufin raconte une discussion avec ses compagnons de cordée lors d’une descente en rappel dans les aiguilles de Chamonix :

« - C’est tout de même bizarre, dis-je en essayant d’éliminer de ma voix toute trace inquiétude, qu’il n’y ait plus de littérature de montagne.
Et comme personne ne se pressait pour me répondre, je poursuivis mon monologue pour emplir le silence.
« - On dirait qu’il y a eu une époque bénie, un âge d’or du roman d’alpinisme : Frison-Roche en France, Ramuz en Suisse, Rigoni Stern en Italie… Et puis plus rien »

Assez rapidement, je me suis dit que je devais relire Premier de Cordée, que j’avais dû lire partiellement étant plus jeune.

Nous sommes en 1925, à Chamonix. Le métier de guide de montagne a déjà acquis un certain prestige, et les membres de la prestigieuse (et unique) compagnie des guides de Chamonix emmènent les touristes sur les sommets.

Jean Servettaz, guide renommé, a fait tout ce qu’il a pu pour dissuader son fils Pierre de devenir guide : il a agrandi son chalet pour en faire un hôtel, son épouse est aux fourneaux pour préparer les repas, Pierre pourra vivre sans risquer sa vie.

Lors d’une course aux Drus avec un client et son porteur Georges à la Clarisse, Jean est foudroyé un peu en dessous du sommet, alors qu’ils étaient en train de redescendre. Georges sauvera le client, mais perdra une partie de ses orteils, à cause des gelures.

Pierre Servettaz apprend la nouvelle alors qu’il est aussi en montagne avec son oncle. Ils décident d’aller directement aux Drus, sans repasser par la vallée, pour récupérer le corps. Ils retrouvent au refuge de la Charpoua la caravane de secours.

Les conditions sont très mauvaises, le rocher est gelé, les guides pensent abandonner, mais Pierre ne veut rien savoir : il ne laissera pas le corps de son père sans sépulture.

Après un premier passage très délicat, qu’il réussit à gravir, Pierre chute dans le passage suivant. Il est touché à la tête, et redescendu en urgence.

Son traumatisme crânien guéri, Pierre se rend compte qu’il est sujet au vertige, et qu’il ne pourra plus devenir guide…

Œuvre littéraire magnifique, grande maîtrise du vocabulaire (avec quelques mots qui, déjà, ont disparu du socle commun de connaissance). Une étude linguistique serait très intéressante, pour voir comment la langue évolue, simplement sur 80 ans.

Une très belle histoire d’amitié (car c’est grâce à ses amis que Pierre pourra surmonter son handicap) et un non moins bel exemple de volonté et d’idéal.

Je me réserve la possibilité de faire une étude comparative entre ces deux romans de montagne : Premier de Cordée et Les flammes de pierre. Certes, les deux histoires se déroulent à Chamonix et sont l’œuvre de deux grands auteurs. Mais humainement parlant, elles sont bien différentes.

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