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 2 novembre 2019

La peste

Albert Camus, première édition en 1947

J’avais une grande envie de relire la Peste. Le livre me restait en mémoire depuis ma classe de 1ère, où notre professeur nous l’avait fait étudier. Je pense l’avoir lu sans trop de difficulté à l’époque, et je me souviens combien j’avais été passionné par les explications reçues. Avec le recul et un peu plus d’expérience, en particulier dans le domaine philosophique et spirituel, j’avais envie de voir si je pouvais encore apprécier le livre comme il y a … presque 40 ans !

De plus, je commençais à m’ennuyer avec les auteurs contemporains à succès, ceux dont les livres sont vendus à plusieurs milliers d’exemplaires, parce qu’ils racontent une belle histoire qui remplit leurs lecteurs de joie. Certes, joie, émotion, bonheur, retour sur soi… Sûrement tout cela est utile et fait du bien à certains. Il n’en reste pas moins que le style, le vocabulaire, le rythme des phrase est parfois « classique », ordinaire, une sorte de langage évolué, et que les belles phrase des grands auteurs me manque.

Alors, la Peste. Et quelle merveille ! J’ai redécouvert Camus, et l’impression est la même que pour certains auteurs que je connais mieux (Orsenna, Ruffin…) un sentiment d’émerveillement devant la beauté des maux, et la capacité à rendre une ambiance avec un naturel inqualifiable.

C’est pourtant le même jour, à midi, que le docteur Rieux, arrêtant sa voiture devant son immeuble, aperçut au bout de la rue le concierge qui avançait péniblement, la tête penchée, bra st jambes écartées, dans une attitude de pantin. Le vieil homme tenait le bras d’un prêtre que le docteur reconnut. C’était le Père Paneloux, un jésuite érudit et militant.

L’histoire est simple, connue de tous. Dans Oran, on voit apparaître tout d’abord une multitude de rats. Les uns après les autres, les rats sortent de partout, des caves, des égouts, dans la rue, dans les maisons… La ville est surprise, certains, fatalistes, concluent qu’il en est ainsi. Puis les rats meurent.

Quelques temps après, le docteur Rieux, l’un des principaux protagonistes de l’histoire, reçoit un premier patient, qui présente des grosseurs au niveau du cou et sous les aisselles. Atteint d’une forte fièvre, le malade finira par mourir, sans que l’on sache de quoi. Puis plusieurs malades meurent dans les mêmes circonstances ; jusqu’à ce que l’on soit bien obligé de se rendre à l’évidence, même si les analyses ne sont pas encore arrivées : ces personnes sont mortes de la peste.

La ville est mise en quarantaine, on ne peut plus ni sortir ni entrer, ni communiquer avec l’extérieur.

Le roman nous montre alors le comportement, les réactions des uns et des autres.

« Justement. Peut-on être un saint sans Dieu, c’est le seul problème concret que je connaisse aujourd’hui ».

Cette question taraude Camus. On comprend qu’il n’a pas la foi, et les différents prêches du P. Panelou montrent une image de Dieu à laquelle il est difficile d’adhérer. La peste, punition divine, sert de purification pour les âmes, dit le jésuite. Mais Rieux, le docteur, ne peut se résoudre à cette attitude. Pour lui, tout doit être entrepris pour sauver les personnes, et soulager la douleur.

« Ils savaient maintenant que s’il est une chose que l’on puisse désirer toujours et obtenir quelquefois, c’est la tendresse humaine.
Pour tous ceux, au contraire, qui s’étaient adressés par dessus l’homme à quelque chose qu’ils n’imaginaient même pas, il n’y avait pas eu de réponse ».

Je ne cherche pas ici à répondre à Camus, je comprends son point de vue, et quelque par sa souffrance. Peut-on être un saint sans Dieu ?