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Nicolas II. La transition interrompue

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Fiche de lecture publiée le 6 octobre 2014, rédigée par Dominique Le Tourneau

Par Hélène Carrère d’Encausse , Paris, Fayard, 1996, 552 p.

L’auteur, membre de l’Académie française, est d’origine russe, particulièrement bien indiquée pour exposer la vie du dernier des Tsars de Russie, qui meurt assassiné, ainsi que toute sa famille, sur ordre de Lénine. Ce même Lénine dont des documents montre que son retour en Russie et sa propagande révolutionnaire ont été financés par le gouvernement allemand, désireux d’obtenir par la révolution la cessation de la participation de la Russie à la Grande Guerre.

Nicolas II n’était absolument pas préparé à l’exercice du pouvoir, auquel son père ne l’avait guère associé, et qui ne l’intéressait pas. Il manque d’intuition politique et reconnaîtra qu’il rate tout ce qu’il entreprend dans ce domaine. L’auteur établit un parallèle avec Louis XVI, tout en notant deux différences : point de tragédie personnelle pour Louis XVI, alors que le tsarévitch est frappé d’hémophilie. Une France socialement privilégié, contre une Russie encore peu développée et traversée par des particularismes très forts.

De plus Nicolas II est profondément attaché à la théocratie, et se sent investi du devoir de la transmettre à son successeur, ce qui va rendre difficile une évolution démocratique du pays. Nicolas II ne soutiendra pas ses premiers ministres réformateurs Witte et Stolypine, en partie sous l’influence de l’impératrice. Celle-ci tombera envoûtée par Raspoutine qui, jusqu’à sa mort, exerça par son intermédiaire une pression désastreuse sur le tsar. Bien des occasions de tirer le pays d’affaire et de réaliser une véritable démocratisation et modernisation sont ainsi perdues.

Nicolas II présente quatre traits de caractère principaux : l’attachement, on l’a dit, à l’’autocratie considérée comme une volonté divine, un « choix de Dieu » pour la Russie, comme Pobedonostsev en convainc le tsar ; une foi profonde et sincère ; une conception de la société russe marquée par une confiance en la paysannerie ; la compréhension croissante de la nécessité de réformer la Russie, mais sans copier le modèle occidental. Maurice Paléologue, ambassadeur de France en Russie, souligne chez Nicolas II un pessimisme profond lié au sentiment d’être poursuivi par un destin fatal, et la résignation, le désir de se soumettre à ce qu’il tient pour l’expression de la volonté divine. Les nombreux attentats réussis contre des personnalités politiques ne sont pas de nature à le rendre optimisme.

Il faut lire la conclusion dans laquelle Hélène Carrère d’Encausse rétablit le portrait du tsarévitch et lui rend justice de ce qu’il a quand même fait pour son pays, mais, le sous-titre le dit, la transition espérée est interrompue par l’arrivée au pouvoir des révolutionnaires.

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