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Le philosophe qui n’était pas sage

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Fiche de lecture publiée le 5 septembre 2019, rédigée par Eric Le Meur

Par Laurent Gounelle, 2012

Sandro est professeur de philosophie à l’Université de New York. Il vient de perdre sa femme, et il n’arrive toujours pas à s’en remettre.
Celle-ci, journaliste, était partie faire un reportage sur un village perdu au fond de la foret amazonienne ; elle a été tuée par les indiens, et Sandro veut se venger.
Il compte repartir avec l’équipe de mercenaires qui avait accompagné sa femme, et détruire le village.

Mais la destruction qu’il envisage est subtile : il ne veut pas simplement les exterminer physiquement, il souhaite en fait les corrompre, en introduisant dans leur coutumes des pratiques de nos sociétés contemporaines occidentales.
Car le village vit sans contact avec « la civilisation », et les relations sociales existantes entre les membres de la tribu font que les indiens sont heureux. Ils ont peu de besoin, ne cherchent pas les honneurs, ni le gain, ni la considération, et la vie est belle !

De fait, avec l’aide des mercenaires, Sandro commence à introduire quelques pratiques de nos sociétés contemporaines : il instaure un journal d’information pour transmettre au village tout ce qui va et tout ce qui ne va pas (le Jungle Time), il suscite la convoitise sur l’aspect physique, il organise des concours entre les hommes pour savoir qui est le plus fort, il créé le commerce en organisant une fabrique de sacs à vendre, il créé de la monnaie… et il introduit le rhume, que seul l’un des membres de l’équipe de mercenaires pourra guérir.

Car dans le village, une personne semble résister plus que les autres aux nouvelles pratiques : Elianta, jeune shaman, regarde d’un mauvais œil ce qu’elle pense être une tentative de destruction de son village. Il faut donc la discréditer et montrer que les blancs sont de meilleurs shamans qu’elle.

Assez rapidement pourtant, Sandro est débordé par les mercenaires, qui prennent leur rôle de corruption très à cœur. Ils voudraient mettre en place une solution plus radicale, mais à défaut, rivalisent d’idées pour introduire chez les villageois des pratiques qui vont détruire ce bonheur naturel qui existe dans leur société.

La réflexion de Laurent Gounelle est intéressante. Il souligne des pratiques qui semblent être pour nous des besoins vitaux, pour nous faire comprendre qu’elles ne sont peut-être pas si indispensables que cela, et que ces pratiques sont peut-être à l’origine d’un certain mal-être qui existe dans notre société. Les indiens, qui n’ont pas de besoins, qui s’entraident, qui vivent au jour le jour, sans jalousie, semblent bien plus heureux.

J’ai tout de même peur que le sujet soit un peu plus compliqué. Le montage est habile de la part de Laurent Gounelle : partir d’une société où tout semble magnifique, et tenter de la corrompre jusqu’à ce qu’elle ressemble à la nôtre pour en conclure que si nous ne sommes pas heureux, c’est parce que nous sommes trop loin de la bonté naturelle. En quelque sorte, le retour du bon sauvage de Jean-Jacques Rousseau. Je pense que cette réflexion, pour être crédible, demanderait un développement bien plus important.

Il n’empêche que l’auteur souligne effectivement certaines habitudes de nos sociétés dont on pourrait se passer, et qui sont source de mal-être. Un livre sympathique, mais que l’on pourra prendre difficilement comme une étude exhaustive.

La nudité des bons sauvage donne à l’ensemble une touche sensuelle sur laquelle l’auteur s’arrête parfois, et qui n’était peut-être pas indispensable.

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