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Le Roi René

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Fiche de lecture publiée le 21 septembre 2016, rédigée par Dominique Le Tourneau

par Jean Favier , Paris, Fayard, 2008, 742 p.

Celui que l’histoire a retenu comme « le bon roi René » (1409-1480), est le frère du roi de France Charles VII et l’oncle de son successeur, le roi Louis XI. Malgré son courage indéniable, il n’a connu que des déboires dans ses entreprises militaires, en tant que roi de Sicile, dans le Barrois, devant Gênes et en Catalogne, ou pour réunir Nice à la Provence. Il peut se targuer du titre de « roi de Jérusalem et de Sicile », signer « Sicile », ce n’est qu’une façade. Il faut reconnaître que les alliances et les constants renversements d’alliance avec les princes italiens et avec les papes successifs n’y sont pas pour rien.

Menant un train de vie supérieurs à ses moyens, le roi est un éternel désargenté et il recourt à des subterfuges pour essayer de s’en sortir. Cela ne l’empêche pas d’agir en mécène, de soigner l’enluminure de ses livres et le décor de ses logis, de prêter attention aux jardins, de s’intéresser aux médailles et aux tapisseries (l’on songe, bien sûr, à la série de l’Apocalypse, à Angers), la magnificence de ses vêtements ainsi que d’entrenir à son service des peintres, dont Barthélemy van Eyck, des enlumineurs, des sculpteurs et des orfèvres. Il se dote aussi d’armes et de blason à n’en plus finir. Il les dessine d’ailleurs souvent lui-même et descend, y compris dans la vie domestique, à des détails dont quelqu’un de son rang devrait laisser le soin à d’autres. Il dote nombre d’églises, se faisant représenter ici ou là avec son épouse, sous forme de sculpture, de vitrail, de tableau.

Citons pour mémoire le Buisson ardent, de Nicolas Froment, à Aix-en-Provence, dont les panneaux latéraux montrent René et Jeanne de Laval dans l’attitude de donateurs.

Le roi René se distingue aussi en tant qu’écrivain et que poète. Nous lui devons, entre autres, un Traité sur les tournois et, dans le domaine de la poésie, le Mortifiement de vaine plaisance, Le Cœur d’Amour épris ainsi que nombre d’emblèmes et de devises. Et l’ordre du Croissant, qu’il fonde, en 1447.

La Provence est à trois semaines de voyage de l’Anjou. Le gouvernement d’une province n’est pas transposable à l’autre. Le rôle de la Chambre des comptes d’Anjou est important, mais l’administration de la Provence doit suivre d’autres voies. En Provence, la vie fait « le bonheur d’un prince ». À Aix ou à Tarascon, la musique fait partie du quotidien. Le roi entretient des instrumentistes, des ménétriers, des joueurs de trompette, de cor, de cymbale ou de tambourin pour les fêtes en plein air, les harpistes, les luthistes ou les flûtistes pour les récréation de la cour. Le roi use avec élégance des langues d’oil et d’oc, de l’italien et du catalan, et converse à l’occasion en allemand.

Le roi se montre généreux envers son personnel, se faisant un devoir de lui assurer une fin de vie décente. Les mendiants ne sont pas oubliés. René d’Anjou a eu quelques maîtresses, qui lui ont donné trois bâtards ; il prend plaisir à jouer aux cartes, divertissement que l’Église réprouve. Il a, certes, une foi sincère, mais rien ne vient avaliser une pratique régulière, bien que plusieurs confesseurs soient attachés à sa personne, qu’il dote généreusement les églises et que le Christ et la Sainte Vierge soient bien présents dans les œuvres qu’il commande. Ses Livres d’Heures sont plus des ouvrages de collectionneur que de prière. Mais il fait entreprendre des fouilles dans l’église des Saintes-Maries-de-la-Mer et procéder à la translation des reliques qu’on y trouve et qui sont supposées être celles de Marie Jacobé et de Marie Salomé. Il reconstruit l’église de Saint-Maximin et celle de Sainte-Marthe et nourrit de la vénération pour sainte Marie-Madeleine. L’on notera aussi que le roi René protège les Juifs, nombreux en Provence.

L’ouvrage a ses longueurs. Les préférences du duc d’Anjou sont prétexte à de longes énumérations qui seraient plus destinées à des spécialistes qu’au grand public, qu’il soit question de la ménagerie du roi René, de son goût prononcé pour les pierres précieuses, des nombreuses demeures qu’il se fait aménager tant en Anjou qu’en Provence, car il est animé d’une véritable passion pour la pierre, pour les livres, ou des tournois qu’il promeut et organise, ou encore de la liste des cadeaux de prix que René donne abondamment et qui lui valent précisément le qualificatif de « bon ». C’est ainsi, pour donner un exemple, que le chapitre sur « les affaires d’Anjou » aborde successivement les cultures, les ponts, les ports fluviaux, les halles, les foires, la draperie et les coutumes.

Commentaire Ce livre existe en ebook , et il est presque aussi cher qu’au format papier !

 

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