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Le Fils du Ciel

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Fiche de lecture publiée le 1er septembre 2017, rédigée par Dominique Le Tourneau

par Victor Segalen, Paris, Flammarion, 1985, 243 p.

Selon la présentation de cet ouvrage, il « est une somme des diverses entreprises de Segalen. Magnifique exemple d’exotisme comme l’entendait le poète, il nous donne aussi une transcription taoïste du monde. Pathétique histoire d’un souverain écrasé par le glorieux passé, dévoré par sa recherche d’une identité nouvelle alors que tout lui renvoie l’image d’un être aussi éparpillé que le héros d’un film d’Orson Welles devant les mille miroirs brisés qui le cernent, traduction ambigüe d’une passion où les mots conduisent toujours à autre chose qu’eux-mêmes, suggestion allégorique enfin d’une vérité plus haute que le langage, tels sont les caractères d’une œuvre dont on ne finit jamais d’épuiser le sens ou d’énumérer les multiples interprétations ».

Henry Bouillier présente l’ouvrage (p. 8-28) en soulignant que Segalen a appris le chinois, qu’il connaissait encore peu quand il s’est embarqué pour la Chine en 1909, un an après la mort de l’empereur et de Ts’eu-Hi. Segalen s’inspire assez fidèlement des circonstances, des événements historiques, des actes politiques qui marquent le règne de Kouang-Siu : révolte des Boxers, déplacements de la cour impériale, mouvement de réformes, séquestration de l’empereur, tout en ajoutant une part d’imagination. Les personnages de premier plan sont mentionnés sous leur vrai nom : l’impératrice douairière Ts’eu-Hi, Kouand-Siu, K’ang Yeou-wei, le prince Kong.
Segalen a recours à un procédé littéraire en inventant un sosie qui assumera la responsabilité des fautes et des erreurs de l’empereur. Mais celui-ci se sent dépossédé de son être plus gravement que s’il mourait.

Le Fils du Ciel traite le grand thème du réel et de l’imaginaire, d’abord au plan individuel. Au lieu d’être lui-même, l’empereur finit par être tous ceux qui l’ont précédé, autrement dit personne. « Sa réalité personnelle s’est dissoute dans les effigies laissées par l’Histoire », écrit Bouillier. Son seul salut eût pu être l’amour, épisode inspiré à Segalen par les rumeurs au sujet des relations entre Kouang-Siu et une concubine. Mais quand celle-ci disparaît à la faveur d’un déplacement de la cour, l’empereur voit sa personne se dissoudre et commence alors sa folie anachronique qui s’épanouira dans la résurrection musicale du passé.

Chaque scène parfois très courte, est précédée de l’indication « Période de Kouang-Siu ». Outre les édits, en caractères gras, figurent les écrits tombés du pinceau de l’empereur, suivis du commentaire de l’annaliste particulier chargé de rapporter les moindres faits, dires et gestes du souverain.

Enfin, comme le chinois répugne à l’expression directe, Segalen prend chaque fois qu’il le peut un moyen détourné pour traduire les faits ou la pensée, soit pour éviter de perdre la face, soit pour masquer une réalité trop désagréable.

conseil aux parentsPour les parents : l’on notera la présence habituelle de concubines au palais, même si l’empereur ne leur prête globalement guère attention, à quelques exceptions près.

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