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En la foret de longue attente

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Fiche de lecture publiée le 23 janvier 2023, rédigée par Eric Le Meur

Hella Haasse. Juin 1991 pour l’édition française. (1949 pour l’édition originale)

Je ne sais comment commencer tellement je suis sans voix devant ce livre, tellement je le trouve exceptionnel. Je l’avais lu il y a 30 ans, et déjà j’avais beaucoup aimé. 30 ans plus tard, avec le recul du temps, tout est vraiment impressionnant dans ce roman historique.

Le livre est présenté comme « Le roman de Charles d’Orléans 1394-1465 » mais il est bien plus que cela : l’auteur nous propose un aperçu historique de la France du 14ème siècle, et des relations compliquées entre le roi de France, Charles VI atteint de folie, son frère Louis d’Orléans, l’épouse du roi Isabeau de Bavière, et le duc de Bourgogne. Dans la première partie du livre, Charles d’Orléans vient juste de naître, et on plante le décors pour bien comprendre la situation de l’époque.

Je suis fasciné par la connaissance historique de l’auteur, et par sa capacité à la « mettre en scène » : le récit s’enchaîne avec une fluidité parfaite, le tout dans un style qui rend l’ensemble vivant et réaliste. Les événements, les sentiments, les émotions, les us et coutumes de l’époque, les intrigues, les mariages orchestrés par les parents pour créer des alliances, la vie de la cour…

Puis la personnalité de Charles est montrée, un homme dès l’enfance plus attiré par les livres que part l’art de la guerre, qui deviendra, grâce à son histoire, un homme humble, bon, compréhensif, désireux d’aider les gens du peuple, préoccupé par son prochain. Une personne exceptionnelle compte tenu de l’ambiance qui régnait chez les dirigeants et les nobles de l’époque, où tout le monde ou presque ne pense qu’à son propre intérêt.

La bataille d’Azyncourt est bien décrite dans sa préparation et l’attitude des chevaliers français, puis la captivité de Charles, pendant 25 ans en Angleterre.

Ce qui est fascinant, c’est la connaissance des événements de la part de l’auteure (qui n’était pas française) et sa capacité à les décrire et à les relier : nous « assistons » à l’histoire. Certes j’aurais bien aimé discuter avec elle, pour qu’elle nous précise comment elle a pu connaître les différentes rencontres dont elle parle (Charles et le Roi René, Charles et ses geôliers, le retour de Charles et son accueil par le duc de Bourgogne et son épouse Isabelle, les relations entre Charles et Bonne d’Armagnac, sa seconde épouse, puis les relations entre Charles de marie de Clèves, sa troisième épouse…) Il y a de multiples personnages, et l’auteur semble les connaître tous !

Qu’en est-il vraiment ? Où s’arrête l’histoire et où commence l’imagination ? Le résultat est un ensemble crédible et passionnant, que je vous recommande vivement.

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