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Cent heures de solitude

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Fiche de lecture publiée le 11 août 2017, rédigée par Eric Le Meur

Par Gaëlle Cavalié, 2017, Editions Guérin Paulsen

Quelques heures avant de partir en vacances, je traîne à la Fnac de Grenoble pour chercher des livres à lire pendant l’été, et je passe par le rayon Montagne. Il y a là, parmi plusieurs livres rouges des Editions Guérin Paulsen, un petit ouvrage mis en évidence, intitulé « Cent heures de solitude ». Je feuillette rapidement quelques pages, et je découvre un style qui me semble vivant et animé ; pour 12€, je me lance.

Dès les premières lignes, je suis fasciné par la passion pour la montagne de Gaëlle Cavalié. Symbiose, communion avec les cimes et la nature, émotions. À tel point que de retour de la Verte avec son compagnon de cordée, elle envisage de partir seule, pour ressentir pleinement cette union avec la nature. Je la comprends d’autant mieux que je viens de faire un bivouac au dessus du Montenvers avec un ami, presque indifférent à toutes ces merveilles, alors que j’étais incapable de décoller les yeux du soleil couchant.

Et donc Gaëlle part seule pour le couloir Couturier, toujours à la Verte. Je suis émerveillé par le récit, moi qui n’ai jamais pu aller à la Verte, sommet majestueux, dont l’ascension signifie un niveau alpin auquel je ne suis jamais parvenu (3 semaines par an à Chamonix, cela ne laisse pas suffisamment de temps pour de tels sommets)

Gaëlle raconte avec une simplicité déconcertante, une joie, une émotion, les premières heures de l’ascension : l’attente du beau temps à la Gare supérieure des Grands Montets, le passage de la rimaye du Couturier, la progression rapide dans la première partie du couloir… puis les difficultés. Et là, le récit devient poignant. Avec le petit bémol que l’on sait d’avance que l’histoire se termine bien. Enfin, qu’elle en ressort vivante. Ceci étant, l’angoisse est forte. Sûrement à cause du récit, très précis, très vivant. On accompagne Gaëlle pendant ces quatre nuits qu’elle a passées dans ce trou, à 3 800 m d’altitude, dans cette ouverture de crevasse qui lui a permis de survivre, prisonnière du mauvais temps.

On retiendra sa foi et ses prières, son « pacte avec Dieu » (si je m’en sors, je ne ferai plus jamais de solo), son attachement à sa famille, qu’elle redécouvre dans ces circonstances dramatiques. Il y a de l’humain dans ce livre, un peu de divin aussi, et l’on aperçoit l’âme de Gaëlle, ses vertus, sa joie de vivre.

J’ai été ému presque aux larmes lors du sauvetage miraculeux. Et je le suis encore en écrivant ces lignes : « Il n’y a rien qui te retient à la crevasse ? » Les paroles du secouriste juste avant de l’hélitreuiller, les commentaires de Gaëlle qui s’accroche à sa jambe, tout est rendu avec une humble précision.

Évidemment, le vieux tromblon que je suis pourrait faire la liste des erreurs et des imprudences qu’elle a commises, à commencer par le fait de ne dire à personne où elle allait, de peur que l’on s’oppose à son projet d’ascension en solo. (Mais quelque part je la comprends, car j’ai fait cela plusieurs fois) Ou encore les deux nuits passées à la Gare supérieure des Grands Montets, qui l’ont manifestement fatiguée. Et si l’histoire s’était mal terminée, c’est ce que l’on aurait retenu. Mais l’histoire se termine bien, et je voudrais ne retenir que les aspects positifs : on apprend de ses erreurs, et on s’appuie sur ses succès. Certes, ceux qui passent leurs journées sur le canapé à jouer à la Playstation ne risquent pas de se retrouver dans de telles circonstances. Mais comment ne pas être émerveillé par cette passion de la montagne, cette vie sportive (elle raconte comment son père l’accompagnait en école d’escalade), cette émotion face à la nature ? Comment ne pas louer son engagement, sa condition physique, son entraînement, sa force de caractère qui lui ont permis de tenir bon dans ces circonstances extrêmes ?

Je suis sûr que cette expérience peut être utile à beaucoup, et c’est l’une des raisons pour laquelle je fais un peu la promotion de ce livre. « Qui ne tente rien n’a rien », « Qui ose, gagne »… la force d’âme face aux difficultés, la vie intérieure, le goût de l’effort, l’école de la vie. Merci Gaëlle pour ce témoignage.

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